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jeudi 6 septembre 2012

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Salut,

Bienvenue dans ma cuisine. La cuisine de ma fiction et de mon subconscient. "Chuis heureuse" fait partie d'un projet de plus grand envergure qui s'intitulait au départ "Fuck you, Bob". Un cri qui a résonné dans ma tête un matin de mars 2011 dans l'autobus 45 sur Papineau en entendant la chanson "No woman, No cry" de Bob Marley. La veille, j'avais vu aux nouvelles la vidéo d'une femme au Soudan qui se faisait fouetter sur la place publique pour avoir porté des pantalons. Ce matin-là, cette chanson-là ne pouvait plus porter son message d'espoir en mon être. J'ai voulu gueuler, "Fuck you, Bob", j'ai juste envie de brailler sti! Pu capable de toutte! Du riz en bourse, des mines au Congo, des guerres, des enfants soldats, du 2 mai qui approchait à grands pas avec la majorité Harper en perspective, la réouverture des dossiers avortement et mariage gai, mes hormones, mon héritage ADN, le guide alimentaire canadien, la mafia, le printemps arabe, les coupures en art, en programmes sociaux... coupable de rien, complice de toutte... Coudonc, qu'essé qui m'appartient à moi? Je sais même pas vraiment d'où je viens! J'ai tu du sang amérindien ou ben si j'en ai pas? Comment ça se fait que je connais pas tous les rituels, les plantes, les cycles lunaires, solaires, stellaires? Les feux de paille, de foin, de sapin? Les empreintes, les cours d'eau, les animaux, leurs habitudes et leur langage? Je devrais tu défendre ça le français, moi, ou si je devrais apprendre l'innu?

Vous voyez le mélange! Manipulée de l'intérieur comme de l'extérieur. Je me suis dis, tiens, profites-en donc pour pousser ta réflexion, transpose donc ça dans ta pratique artistique. Pratique qui était déjà portée par la surinformation et le corps bougé, mu par un invisible. Bon, pratique encore embryonnaire, encore un peu gênée, mais sur le chemin.

Fak! La madame a pris tout son courage pour écrire à une vingtaine d'artistes de différents milieux: "heille, je te connais bien, tu me connais un peu, beaucoup ou pas pantoute, mais moi, j'aime ton travail, pis j'aimerais ça travailler avec toi. Pas envie d'attendre que tu m'appelles, j'ai envie qu'on crie tous par une même bouche!"

Au pire, personne aurait répondu, au mieux, j'avais 10 oui, 8 non, 2 abstentions!Et le mieux est arrivé et me vlà dans de beaux chaudrons! Donc. J'ai décidé de travailler individuellement avec chacun de ces artistes que j'appelle mes tortionnaires pour qu'ils me manipulent dans un solo de 8 minutes chacun. Le tout basé sur un livre: "J'arrive" de Guillaume Van Roberge paru aux Éditions Rodrigol en 2005.

Pourquoi ce recueil? Parce qu'il est noir et plein d'humour, oui, mais surtout parce que le Je narrateur de tous les récits est si misérable qu'il n'existe qu'aux yeux de bourreaux.
La relation victime/bourreau est devenue centrale à tout le projet avec la solitude en trame de fond et de forme.

"Chuis heureuse" est donc le premier de la série de 10 qui sera présentée au Théâtre Aux Écuries en première partie de la programmation 2012-2013, en plus de sa rétrospective.

"Chuis heureuse" dure 30 minutes parce qu'à l'époque où nous l'avons monté, nous ne savions pas s'il y aurait preneur pour l'ensemble du projet, ni s'il y aurait l'argent (qu'il n'y a pas encore d'ailleurs!)

Je dis "nous", c'est Peter James et moi. Mon premier tortionnaire. Mon premier botteur de cul! Celui qui ne m'a pas laisser procrastiner, me cacher, m'encrasser.  Le temps est à l'action!

Un grand merci à Philippe Ducros pour m'avoir offert de choisir un de ses textes, faute de temps pour se prêter à l'exercice de manipulateur de ma personne. Je vous l'offre ici transcrit dans sa version originale et sa traduction française. Pour moi, il reflète exactement l'horrible réalité face à laquelle je me sens complètement impuissante et pourtant coupable. I am you

En espérant que vous aurez envie de venir voir les suites...
Merci d'être là,
Catherine

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